CHIMÈRE 
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DICTIONNAIRE Larousse

Chimère :

1. La Chimère, monstre fabuleux de la mythologie …
2. Vaine imagination, illusion ; projet irréalisable, utopie
3. Organisme  composé de deux (rarement+) variétés de cellules ayant des origines  génétiques différentes
4. Poisson marin vivant en eau profonde, peu commun (long. 1 m ; ordre des holocéphales)

 

DICTIONNAIRE LE ROBERT
historique de la langue française

Chimère :

n.f ; est emprunté (v.1220) au latin chimaera, lui-même pris, comme terme de mythologie, au grec khimaira, désignant à la fois une jeune chèvre, agée d’un an à sa première mise bas, et une créature mythologique composite, de forme variable mais avec un corps ou une tête de chêvre.
Ce mot, avec le terme apparenté kimaros  « chevreau », pourrait appartenir à un groupe indoeuropéen ; il est ancien dans le vocabulaire de l’élevage. Il est rapproché des suédois et norvégiens dialectaux gimber « brebis n’ayant pas encore mis bas » et du latin bimus, trimus, quandrimus appliqué au bétail de deux, trois, quatre ans.

TERME MYTHOLOGIQUE, le mot a développé dès les premiers textes le sens figuré d’ »insensé » en emploi adjectif (v.1220). Il est resté sans autres exemples avant le XVIe s., lorsque chimère a commencé à désigner une création imaginaire de l’esprit (1538), plus tard appuyé par le dérivé chimérique.    Par analogie, il désigne un poisson d’aspect étrange (1800).  En biologie, à la suite des travaux de Winkler (1907) en botanique, et de Spermann (1921) enembryologie animale, il désigne tout organisme créé par manipulation de tissus génétiquement différents.

CHIMÉRIQUE  adj. (1580) procède du sens figuré de chimère, qualifiant ce qui n’a pas d’existence réelle et une personne qui croit en des chimères (1669)   En est dérivé CHIMÉRIQUEMENT adv. (1662).  On rencontre exceptionnellement CHIMÉRISME n.m. et CHIMÉRISTE adj. Et n.


ENCYCLOPÉDIE DES SYMBOLES

Chimère :

(en grec CHIMARIA) Dans la langue moderne , le mot n’est plus utilisé que comme symbole d’illusions (« ce n’est qu’une chimère ») ou plus proche de son sens originel, pour désigner les « créations » vivantes des biologistes. Dans l’antiquité, la chimère était un être hybride formé à partir d’un lion, d’une chèvre et d’un serpent. Elle est déjà évoqué par Homère. La statuette étrusque, la Chimère d’Arezzo, montre les trois animaux pourvus de leur tête. La Chimère était la fille d’Echidna, une femme serpent, et du monstre du monde souterrain Typhon ; son frère n’était autre que Cerbère, le gardien de l’enfer. Sa figure triple est aussi considérée comme symbole de la division de l’année en trois parties – le lion représenterait le printemps, la chèvre l’été et le serpent l’hiver. La légende raconte qu’elle fut tuée par le héros Bellérophon chevauchant son cheval ailé Pégase, préfigurant les saints chrétiens tueurs de dragons, saint Georges et saint Michel.
On trouve parfois sur les chapiteaux et les mosaïques du Moyen Âge des chimères destinées à personnifier des forces sataniques. Dans l’Antiquité cet être effrayant était l’emblème de plusieurs villes, entre autres Corinthe.La Chimère était considérée comme l’incarnation des dangers qui guettent l’homme sur terre et sur mer, et surtout comme symbole des puissances volcaniques cachées à l’intérieur de la terre.

DICTIONNAIRE SYMBOLIQUE

Chimère :

Monstre hybride à tête de lion, corps de chèvre, à queue de dragon, et crachant des flammes. La chimère est née de Typhon et d’Echidna ; sa mère est elle même sœur des Gorgones et un monstre né des entrailles de la terre.
La chimère fut terrassée par Bellérophon, héros assimilé à l’éclair monté sur le cheval Pégase.
Tous ces éléments font pressentir un symbole très complexe de créations imaginaires, issues des profondeurs de l’inconscient et représentant peut-être des désirs que la frustration exaspère et change en source de douleurs. La chimère séduit et perd celui qui se livre à elle, on ne peut la combattre de front, il faut la pourchasser et la surprendre jusque dans ses repaires les plus profonds. A l’origine, des sociologues et les poètes ont vu en elle seulement l’image des torrents, capricieux comme des chèvres, dévastateurs comme des lions, sinueux comme des serpents et que l’on n’arrête pas par des digues, qu’il faut assécher par la ruse, en tarissant les sources, en déroutant leur cours.
Selon l’interprétation de Paul Diel, la chimère est une déformation psychique, caractérisée par une imagination fertile et incontrôlée ; elle exprime le danger de l’exaltation imaginative. Sa queue de serpent ou de dragon correspond à la perversion spirituelle de la vanité ; son corps de chèvre à une sexualité perverse et capricieuse ; sa tête de lion à une tendance dominatrice qui corrompt toute relation sociale. Ce symbole complexe s’incarnerait aussi bien dans un monstre dévastant un pays que dans le règne d’un souverain perverti, tyranique ou faible.

Hybride :

Tout ce qui est hybride, difforme, étrange, est riche de signification dans les légendes africaines. La coutume et l’ordre naturel ne peuvent être troublés gratuitement : une force de l’au-delà est intervenue. Le monstrueux devient signe du sacré.
/…/ Parfois ils symbolisent l’antagonisme farouche qui divise intérieurement l’homme entre les tentations du mal et ses aspirations au bien.


La première mention de la chimère apparaît au livre VI de l'Iliade d'Homère.

LA MISE A MORT

 Sa réputation fit craindre au roi de Lycie pour la vie de ses sujets. Ainsi demanda-t-il à Bellérophon de le débarrasser de cette créature. (Celui-ci avait réussi à dompter pégase, le cheval ailé né du sang de méduse lorsqu'elle eu la tête tranchée par Persée, grâce à des brides magiques offertes par Athéna).

Monté sur Pégase, il transperça, par ruse, l'animal de ses flèches enduites de plomb. Lorsque la chimère, pour se défendre cracha des flammes, il pointa ses flèches dans la gueule de la chimère et elle fut tuée par le plomb brûlant qui coula dans sa gorge. Tout porte à croire qu'elle était unique en son espèce, car la seule recensée est celle tuée par le héros grec.

LE PARADOXE DE LA CHIMÈRE

Pourtant paradoxalement, ce monstre hideux et redouté est devenu le symbole de l'irréalisable, de l'impossible, et le rêve souhaité mais hors d'atteinte que pour nous sont les chimères. "Qu'elles sont douces à caresser ces chimères ! Nous ne pouvons y résister. Mais, ce faisant, notre main n'effleure que l'absence et le vide. Ce pourquoi sans doute, Banville a écrit: « Rien ne nous attire mieux que les sourires décevants de nos chimères »

 

 

 

 

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